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La Pitié dangereuse – Stefan Zweig

29/12/2020 - Pitié

Faire preuve d’empathie envers autrui est chose aisée. Ressentir l’émotion négative chez l’autre, le malheur ou la peine, et tenter par tout moyen de la réduire, n’a rien d’héroïque, puisque c’est d’abord pour soi qu’on agit de la sorte. Si on se mettait à la place de celui qui reçoit cette action, on s’apercevrait sans doute que cela ne fera que reporter la douleur. Peut être même l’amplifier, s’il l’avait crue disparue.

Il est parfois préférable de ne rien donner plutôt que donner pour de faux.



Une réflexion sur “ La Pitié dangereuse – Stefan Zweig ”

MichelLover

La « pitié dangereuse », le titre intrigue, parce qu’il concilie deux mots qui, a priori, n’ont rien à faire ensemble. La pitié ne devrait être qu’un beau sentiment, la preuve de l’intérêt ou de la sympathie pour celui qui souffre. Un intérêt désintéressé, en somme. Elle devrait entraîner de nobles actions — l’aide, le soutien, l’écoute. Zweig montre justement l’effet pervers de la pitié lorsqu’elle s’arrête là. Elle provoque l’espoir, avant parfois de l’anéantir. C’est tout l’intérêt du roman : on vit les tourments du narrateur, mais on sait qu’elle est l’issue qui pourrait l’en délivrer. C’est le docteur Condor, un personnage discret mais essentiel du roman de Zweig, qui détient la solution. Il démontre ce qu’est la pitié « positive », la pitié noble. Le médecin va au bout de son sentiment. Il s’engage, il aide concrètement la personne qui a déclenché sa pitié ; il ne se contente pas de la plaindre ou de la flatter un peu hypocritement, il renonce pour elle à une vie qu’on devine aisée.
Comme souvent dans ses romans ou dans ses biographies, Zweig sonde l’âme de ses personnages. La dimension psychologie – ici, les travers de la pitié — est décrite avec finesse. Jamais l’auteur n’assène de vérités, jamais on ne le sent sentencieux. Il ne prend pas partie, n’accuse pas. Sa méthode est semblable à celle de Montaigne, l’un de ses maîtres : le doute, l’interrogation, l’équilibre, l’indulgence aussi pour le narrateur, qui s’enferre pourtant dans le déni et ne fait qu’aggraver son cas ! Tout comme Montaigne, Zweig dispense une sorte de leçon de vie, sans doute utile à chacun.

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